20110103

Pèlerins comme Balthasar, mage d’orient

janvier 2011
Pèlerins comme Balthasar,
mage d’orient


La parole du mois
Je ne suis pas mage pour rien. On me dit devin, charlatan, astrologue, magicien, que sais-je encore ! On a même cru que j’étais roi. En réalité, ma science – ou ma spécialité si vous voulez –, c’est d’observer les étoiles. Non pour s’échapper du monde et oublier ce qui se passe sur la terre, mais au contraire pour déchiffrer l’énigme de l’univers.
On vient me consulter des quatre coins de la planète.
Pourtant voilà qu’une nuit – je n’en crus pas mes yeux – brillait dans le ciel une étoile à nulle autre pareille. Je n’avais jamais vu cela. L’étoile de ma vie ! Il y avait là comme un appel et cette fois, c’est moi qui me suis mis en route. Après avoir mis dans mon coffret un peu d’encens – c’est la spécialité de mon pays, le pays de Saba
– je suis parti en suivant l’étoile.
Sur la route, j’ai rencontré Melchior, un autre mage. Cela faisait bien longtemps que je ne l’avais plus vu et mon coeur bondit de joie. Lui aussi avait vu l’étoile. Quelle ne fut pas notre surprise de constater un peu plus loin que Gaspar était lui aussi en route. En route vers quel lieu ? Nous ne le
savions pas encore, mais bientôt nous nous sommes rendus compte que tous, gens de Madiân et d’Epha, de Saba et de Qédar, nous étions sur le chemin de Jérusalem. C’est l’astre du roi des Juifs qui nous était apparu.
Etonnant, n’est-ce pas ? Je les croyais toujours un peu bornés et plutôt fanatiques, tellement différents de nous en tout cas. Ils n’adorent pas les mêmes dieux. Auraient-ils reçu une révélation spéciale ? J’aurais imaginé une toute autre destination. Mais les étoiles nous emmènent parfois sur des chemins inattendus.
En fait, nous ne sommes pas restés à Jérusalem. On nous envoya à Bethléem, la cité du roi David. Et voici que l’étoile s’arrêta juste au dessus du logis où venait de naître un enfant. Pas de trône en argent, ni de sceptre d’or. Ce n’était pas la splendeur d’une cour royale, ni le déploiement d’un
cérémonial fastueux. C’est d’autre chose qu’il s’agissait, plus vrai et plus juste. Car il n’y avait aucun doute que l’étoile nous avait menés au bon endroit. La joie qui montait de notre coeur en était le signe. Comme quoi, Dieu bouleverse souvent nos plans et dérange nos idées préconçues. Et moi aussi je me suis mis à chanter avec les pauvres gens et quelques bergers qui étaient là : « Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur la terre des hommes ».
Ma science n’était ici d’aucun secours. Un monde nouveau s’ouvrait devant moi ! Il en allait de même pour Melchior et Gaspar. La rencontre avec un enfant avait changé notre vie. Et ce jour-là, nous avons compris que pour trouver la vérité nous devions prendre un autre chemin, non le chemin indiqué par Hérode, mais celui que nous traçait l’enfant nouveau-né.

Pour prier
Père Saint,
Ceux qui ont quitté leur pays et cheminé dans l’espérance,
tu les as conduits jusqu’à ton Fils :
à nous aussi qui sommes en route accorde-nous de voir un jour son visage
et d’entrer dans sa joie.
Lui qui vit et règne pour les siècles des siècles.

Le mois de janvier est marqué par la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Les mages venus de trois endroits différents suivent l’étoile ensemble jusqu’à la crèche.
A Foi et Lumière, nous venons de différentes Eglises mais nous sommes tous réunis ensemble autour de Jésus. Gardons dans notre cœur, le plus grand désir de Jésus : « Que tous soient un ».

La prière d’un pauvre
Jésus, mon étoile, tu me montres le chemin qui mène à toi.

Un beau dialogue interreligieux
Depuis qu’un jour, il m’a demandé tout à fait à l’improviste de lui apprendre à prier, Mohammed a pris l’habitude de venir s’entretenir régulièrement avec moi. C’est un voisin. Nous avons ainsi une longue histoire de partage...
Un jour, il trouva la formule pour solliciter un rendez-vous : « Il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits ! »
Une fois, par mode de plaisanterie, je lui posai la question : « Et au fond de notre puits, qu’est-ce que nous allons trouver ? De l’eau musulmane ou de l’eau chrétienne ? »
Il m’a regardé, mi-rieur, mi-chagriné : « Tout de même, il y a si longtemps que nous marchons ensemble, et tu te poses encore cette question... Tu sais, au fond de ce puits là, ce qu’on trouve, c’est l’eau de Dieu ! »
Un moine de Tibherine

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