« Si quelqu'un a soif,
qu'il vienne à moi… »
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« Ils puiseront avec joie
aux eaux du salut »
RETRAITE 2010:
le 10 et 11 juillet 2010, avec la communauté le Sillon:
La fête des Tentes (Jn 7, 37 s.)
La célébration des fêtes juives rythme le déroulement du quatrième Évangile, à tel point que, dans la Bible de Jérusalem, le P. Mollat avait proposé d'établir le plan à partir de ces indications liturgiques.
Même si de bonnes raisons plaident pour une autre structuration, on ne saurait minimiser la place des fêtes dans la composition johannique. Après une première pâque à Jérusalem et une fête de pèlerinage en Jn 5, la seconde pâque est évoquée en Galilée et sert de toile de fond à tout le discours sur le pain de vie (Jn 6).
La fête des Tentes occupe une place toute spéciale : elle constitue le décor des chapitres 7 à 10 [3] et, sans doute, l'allégorie du Bon Pasteur en Jn 10, avant la fête de la Dédicace (Jn 10, 22).
Les indications relatives à la durée de la fête et la célébration du dernier jour, le plus solennel (Jn 7, 37), invitent à donner toute leur importance aux rites caractéristiques de la semaine de Sukkôt.
Il convient donc de les rappeler brièvement.
Le rituel de la fête:
La fête juive de Sukkôt a été l'objet de nombreuses études qui manifestent l'évolution de la thématique et sa richesse à l'époque néo-testamentaire [4].
À l'origine, sous le titre de « fête de la récolte », elle est l'une des trois fêtes de pèlerinage, prévues par le Code de l'Alliance (Ex 23, 16). Avec le temps, elle s'est chargée d'un sens de commémoration historique : le rappel des quarante ans au désert où le peuple séjournait sous des tentes, tandis que Dieu lui-même résidait au milieu de son peuple dans la Tente de réunion.
Le livre de Néhémie atteste le développement du rituel (Ne 8, 15). La tradition juive précise la manière dont doit être préparé le bouquet (lulav) à porter pendant la procession de la fête : feuille de palmier, branches de myrte et de saule, enfin le cédrat (éthrog [5]).
La dernière partie du livre de Zacharie manifeste l'orientation eschatologique de la fête :
« Ce sera un jour unique - le Seigneur le connaît.
Il n'y aura plus de jour ni de nuit,
mais à l'heure du soir brillera la lumière.
En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem,
moitié vers la mer orientale,
moitié vers la mer occidentale.
Il en sera ainsi l'été comme l'hiver.
Alors le Seigneur se montrera roi de toute la terre.
En ce jour-là le Seigneur sera unique,
et son nom unique » (Za 14, 7-9).
En finale, le prophète prévoit le pèlerinage des peuples :
« Alors tous les survivants des peuples qui auront marché contre Jérusalem monteront d'année en année pour se prosterner devant le roi, le Seigneur, le tout-puissant, et pour célébrer la fête des tentes » (Za 14, 16).
De ce texte essentiel pour comprendre l'importance de la fête de Sukkôt au temps de Jésus, retenons le lien étroit mis entre la royauté universelle de Dieu, la lumière et l'eau.
La lumière de Dieu enveloppera la ville sainte, comme le prévoyait Is 61 ; l'eau annoncée par Ez 47 jaillira, non seulement, vers la mer Morte pour l'assainir, mais aussi vers la Méditerranée. Les nations sont invitées à la fête ; celles qui s'y refuseront se voient menacées de durs fléaux (Za 14, 18 s.).
Outre les indications données par la Torah, la Mishnah nous renseigne sur un rite très populaire, celui du puisage de l'eau dans le bassin de Siloé et sa libation au pied de l'autel des holocaustes.
Ce rite s'explique par l'attente de la pluie à la fin de l'automne, pluie indispensable pour commencer les travaux agricoles d'une nouvelle année. Parmi les prières prévues à cette occasion, retenons l'antienne tirée du prophète Isaïe : « Ils puiseront avec joie aux eaux du salut » (Is 12, 3). Selon une homélie juive, la cérémonie s'appelait « la joie de la maison du puisage », « car de là ils puisaient l'Esprit Saint [6] ».
Le rite de la lumière n'était pas moins populaire : le Temple était illuminé et les rabbins dansaient dans le lieu saint, en signe de la joie qui vient de la Torah.
On disait que « celui qui n'avait pas vu la joie de la maison du puisage ne savait pas ce qu'était la joie » (Sukkah 5).
Pour être complet, il faudrait mentionner les autres fêtes qui entouraient la fête de Sukkôt : d'abord le nouvel an (Rosh ha-shanah), puis la fête des Expiations (Kippur), cinq jours avant.
On pourrait trouver bien d'autres relations avec l'ensemble des chapitres 7 à 10 de Jean, mais cela nous entraînerait trop loin. Ce que nous voulons mettre en relief dans le cadre de la fête de Sukkôt, ce sont les deux proclamations de Jésus :
« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi… »
et « Moi, je suis la lumière du monde. »
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Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez conduits dans la paix ;
les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous,
et tous les arbres des champs battront des mains.
Au lieu des buissons poussera le cyprès, au lieu de l'ortie poussera le myrte ;
ce sera pour le Seigneur un nom, un signe perpétuel, qui ne sera pas retranché.
(Ésaïe 55.12-13)
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Méditation:
Venez à moi ! Le message de la fête de Succot !
Holà ! Vous tous qui avez soif ! Venez vers l'eau, même celui qui n'a pas d'argent !
Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer ! (Ésaïe 55.1)
C’est un appel de grâce, de miséricorde, un appel à se lever, à se réveiller. Pourquoi souffrir de la soif et ne pas aller vers l’eau ? Holà ! Soyez attentifs, ne restez pas là prostrés sans oser plus rien espérer… L’eau vive, méprisée souvent
– ils m’ont abandonné, moi la source des eaux vives (Jérémie 2.13) – L’eau vive est toujours prête à se répandre pour quiconque veut la recevoir !
C’est l’appel de Jésus-Christ, lors de la fête des Tentes (Fête de Succot), Jean 7.37 :
Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, debout, s’écria : Si quelqu’un a soir, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! Celui qui met sa foi en moi – comme dit l’Ecriture – des fleuves d’eau vive couleront de son sein.
C’est bien d’une eau vive qu’ il s’agit, les eaux de Siloé (Ésaïe 8.6) Vous tous qui avez soif !Vous qui avez soif !
Quelle situation ! Des hommes connaissant la soif : soif de justice, soif de paix, soif de quiétude au milieu d’un monde difficile… Resteront-ils assis avec leurs peines ? Le prophète exhorte avec force, exprimant des paroles pleines de tendresse : achetez sans argent, sans rien payer… C’est la gratuité de la grâce. L’appel est de tous les temps, car déjà nous pouvons lire :
J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur, ton Dieu, en l’écoutant et en t’attachant à lui… (Deutéronome 30. 19-20)
Dieu veut introduire tout homme dans son propre projet, dans une vie qui a un sens, mais Il ne s’impose jamais… Il donne gratuitement à qui veut bien recevoir…
Tendez l'oreille et venez à moi ; écoutez, et vous vivrez ; je conclurai pour vous une alliance perpétuelle, celle de la fidélité envers David, qui est sûre. (Ésaïe 55.3)
Sur quelle base ? En vertu d’une œuvre annoncée : l’intervention du Serviteur pour les transgresseurs… (Ésaïe 53.12)
Dans ce chapitre du Livre d’Ésaïe, afin de souligner avec force cette permanence de l’attention du Seigneur, l’homme de Dieu qui prononça ce discours revient alors aux promesses : l’alliance perpétuelle, celle qui a été faite à David ! Le prophète Ésaïe lui-même, l’homme qui parla quelque deux cent ans auparavant n’avait-il pas prononcé cette parole :
Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a la souveraineté sur son épaule ; on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. Etendre la souveraineté, accorder une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l'affermir et le soutenir par l'équité et par la justice, dès maintenant et pour toujours voilà ce que fera la passion jalouse du Seigneur (YHWH) des Armées. (Ésaïe 9.5-6)
Et vous qui resteriez sur place…
Les indécis, ceux qui rejettent encore l’idée de marcher avec Dieu, sont inondés de paroles de miséricorde, car il faut saisir le moment lorsqu’il se présente, dire "oui" quant il en est temps :
Cherchez le Seigneur pendant qu'il se laisse trouver ; invoquez-le pendant qu'il est proche… notre Dieu pardonne abondamment. (Ésaïe 55.6,7)
C’est le moment de prendre une décision – «Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, comme dans l'irritation» (Hébreux 3:15). Les fondements du pardon de Dieu ne sont-ils pas présentés avec force par la Croix du Calvaire ? Les pensées de Dieu dépassent notre entendement, est-il ajouté, mais sa Parole s’accomplira :
Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n'y reviennent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et fait germer, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim, ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l'ai envoyée. (Ésaïe 55.10-11)
Conclusion
C’est sur de mots forts que se termine ce passage du Livre d’Ésaïe, ce chapitre 55. C’est un chemin heureux, béni que celui des témoins de Dieu pour faire connaître son Nom.
Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez conduits dans la paix ; les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous, et tous les arbres des champs battront des mains. Au lieu des buissons poussera le cyprès, au lieu de l'ortie poussera le myrte ; ce sera pour le Seigneur un nom, un signe perpétuel, qui ne sera pas retranché. (Ésaïe 55.12-13)
Ce que les témoins vivent, c’est le labeur, les oppositions, les menaces même, cependant il y a de la joie. Et chaque fois qu’une ombre de découragement les aura enveloppés, la bonté de leur Dieu et les perspectives messianiques leurs seront rappelées. Ainsi nous lisons, dans une des dernières pages de la Bible hébraïque :
Alors ceux qui craignent l'Éternel ont parlé l'un à l'autre, et l'Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de mémorial a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom. Et ils seront à moi, mon trésor particulier, dit l'Éternel des armées, au jour que je ferai ; et je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert. (Malachie 3:16-17)
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le 10 et 11 juillet 2010, avec la communauté le Sillon:
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